Nous avons mis le réveil pour ne pas dormir toute la journée et profiter du petit-déjeuner gratuit. Geste sympathique quoi qu’à nos palais seul le pain de mie soit mangeable, le beurre de cacahuète aussi malgré un goût étrange, mais le beurre ressemble plus à de l’huile salée et la confiture a un goût de chewing-gum !
Douchés, préparés, nous libérons la chambre à midi et traînons un peu dans le salon de la maison d’hôte en attendant treize heures. Direction Pudu Sentral, une station de bus et de métro située à quelques mètres, qui nous font suer sous la chaleur et le poids de nos bagages. Les odeurs – pas toujours les meilleures – de la ville semblent plus fortes sous le soleil et les chauffeurs de taxi ou de bus sont aussi tenaces que les vendeurs, tentant de vous attirer à eux. Dès les abords de la gare, nous nous entendons proposer des billets de bus pour un peu toutes les directions, bien que cela ne nous inspire pas confiance au début, plus nous nous enfonçons dans la gare plus il semble que ce soit différents employés (payés au pourcentage, déclarés ou pas, nous ne le saurons jamais !) qui essayent de rabattre le potentiel client. Ils possèdent même des talkies-walkies pour communiquer entre eux (mais que peuvent-ils bien se raconter ? ! “Eh les deux blancs chargés comme des mules là, ils vont à Lumut, ils sont à moi !”), une dame finit par nous mettre le grappin dessus lorsque nous lui indiquons que nous souhaitons aller à Lumut, elle nous guide vers une salle au première étage où se trouvent des dizaines de petits comptoirs des différentes compagnies de bus. Je reconnais le nom de l’une d’entre elle : Alisan, où nous achetons deux tickets de bus pour 56RM (environ 13,5€). C’est au sous-sol que la suite se passe, les quais s’alignent où les bus entrent et sortent dans un balai incessant de bruits de moteur, de freins, d’odeur d’essence, d’égouts et de sueur. Notre bus arrive à 13h45, ne portant pas le même nom que la compagnie mais la plaque d’immatriculation notée sur le ticket correspond. Le chauffeur confirme, ainsi qu’un couple d’espagnols allant au même endroit que nous. Les sacs sont chargés dans la soute et nous voilà installés à l’avant prêts pour les quatre heures de trajet vers le nord.
Après deux heures de route, nous nous arrêtons quelques minutes dans une station essence : “Tandas ! Tandas !” et voyant que les touristes blancs ne comprennent pas le chauffeur ajoute “Toilets ! Toilets ! Ten minutes !” – en anglais avec l’accent malaisien. Tout aussi en forme que ceux d’hier au Tang City Food Court, puisque cette fois-ci lorsque je tire la chasse, je me retrouve pataugeant dans une flaque d’eau !
Le paysage qui se déroule par le petit bout de fenêtre (beaucoup de rideaux dans ce bus !) est très vert depuis que nous avons quitté le béton de Kuala-Lumpur, toujours autant de palmiers, quelques fermes… et Ipoh. Comment ça Ipoh ? Zut, mauvais bus, il y en a un direct et un qui fait un arrêt dans la ville d’Ipoh – située à l’est de Lumut – et qui prend donc près de deux heures de plus pour arriver à destination. Je sors mon téléphone pour envoyer un SMS à la propriétaire de la maison d’hôte où nous avons réservé une chambre afin de la prévenir que nous arriverons après l’heure de l’enregistrement… Deuxième mauvaise surprise, mon coui**** de téléphone a appelé tout seul, au tarif international je viens de ruiner mon forfait en laissant un message de quelques minutes sur le répondeur de Ronald (bruit de bus sûrement… oui car il est extrêmement bruyant, un peu trop même, certains bruits auraient de quoi être inquiétants !). Jamais deux sans trois, voilà le bus qui se faufile dans de petites ruelles entre divers entrepôts et s’arrête face à un autre bus. “Change bus ! Change bus !” – toujours en anglais et toujours avec l’accent malaisien 😉 , d’accord, donc les bruits étaient peut-être vraiment anormaux ! Voyons le bon côté des choses, le second bus est plus confortable avec de grandes vitres dégagées qui nous permettent d’observer le paysage et les différentes villes que nous traversons, les espagnols sont derrière nous et nous discutons parfois, car se reposer semble un peu compromis par notre voisin de devant qui écoute de la musique orientale sans casque…
Il est prêt de dix-neuf heures lorsque nous parvenons finalement au terminal de bus de Lumut. La nuit tombe et il nous faut encore trouver le quai d’où partent les ferry pour une petite île à quelques kilomètres de la côte : Pangkor Island. Nous le trouvons mais les employés nous renvoient en arrière pour acheter les tickets, vite, vite, car la dernière navette appareille à vingt heures ! L’espagnol part en mission et revient triomphant avec quatre billets (10RM l’un – environ 2,40€ – à conserver pour le retour). Le bateau met un peu plus de vingt minutes pour faire la traversée, il s’arrête d’abord au village de pêcheurs de Sungai Pinang Kecil, puis dans la ville principale de l’île : Pangkor. Nous nous préparons pour le premier arrêt car c’est là que nous avons réservé dans la seule maison d’hôte du village, dont la propriétaire nous a prévenu qu’il fallait insister pour descendre au premier stop. Effectivement pas moins de trois personnes nous font signe que ce n’est pas ici que nous devons nous arrêter : l’un des passagers, puis l’homme qui ouvre la porte et un troisième sur le quai. Sortis du terminal, nous bifurquons sur notre droite dans une étroite et sombre ruelle à la recherche de la huitième maison sur notre gauche dont les couleurs marron et vert devrait nous faciliter la reconnaissance – quoi que la nuit, tous les murs sont gris ! Ô joie, la grille est entrouverte et il y a de la lumière ! Joyce, la propriétaire des lieux est en train de rédiger un petit mot à notre attention pour nous expliquer qu’elle part manger et sera bientôt de retour. Nous nous excusons pour le retard et expliquons nos mésaventures. No hay problema, cela doit arriver parfois, quoi que la majorité de sa clientèle doivent être des familles malaisiennes. Elle nous fait visiter les lieux et nous installe dans notre chambre (toujours sans fenêtre), puis sur un plan elle nous indique les restaurants qui sont encore ouverts à vingt heures passées.
Nous optons pour le restaurant chinois juste à l’angle : le cuisinier est très sympathique et prend le temps de nous expliquer la carte. Ronald choisit une assiette de porc en tranche sauté avec des légumes qu’on lui assure être légèrement épicé, moi une assiette de nouilles et de légumes. Installés, l’homme revient me demander s’il peut épicer le plat et fait des yeux ronds comme des soucoupes lorsque je lui explique que même le poivre est trop épicé pour moi – mieux vaut être prudent ! Comme j’ai choisi un plat végétarien, il revient une seconde fois pour savoir s’il peut mettre des œufs : aux petits soins ! En attendant nos plats nous buvons une bière et un Coca – mon estomac est un peu patraque avec la fatigue et le voyage. Nous nous régalons quoi que le plat de Ronald est un peu trop épicé ! Nous nous en doutions, maintenant nous en sommes sûrs, lorsqu’un asiatique dit qu’un plat est légèrement épicé, c’est déjà trop pour nous autres, pauvres occidentaux ! L’addition s’élève à 26RM (environ 6,30€) et nous terminons la soirée dans un petit bar où les trois personnes présentes ne parlent pas un mot d’anglais. Rires des deux côtés avant que nous puissions nous installer sur la terrasse au bord de l’eau (34,50RM ou 8,40€ les trois bières). Retour à SPK Guesthouse où nous tournons dans le lit, impossible de m’endormir avant trois heures du matin pour ma part, le jetlag risque de durer encore quelques jours !
Bon ça me rassure de voir qu’on est pas les seuls à galérer pour visiter des lieux sur place en Asie. C’est un joyeux bordel la plupart du temps ! ^^
Besos
Bon on note que vous buvez pour plus cher que vous ne mangez …mais mais c’était peut être déjà le cas ici en France 😉
Si, y, il vaut mieux rire des mésaventures, ça passe mieux haha… 🙂 Mais mon voisin de siège avait son téléphone dans le sac à dos qui lui-même se trouvait dans la soute ! 😛
Le jetlag ne m’avait pas du tout déranger il y a cinq ans (enfin un peu au retour où je me réveillais en pleine nuit), mais on prend juste le temps de s’habituer.
sí, comme à Singapour, l’alcool est plus cher que la nourriture. Pour le même nombre de ringgit, tu as d’un côté un plat bien rempli et de l’autre une seule bière !